Déclaration des intellectuels et des universitaires sur la destruction des manuscrits de Tombouctou

5 février 2013

Déclaration des intellectuels et des universitaires sur la destruction des manuscrits de Tombouctou

CODESRIA

Council for the Development of Social Science Research in Africa
Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique
Conselho para o Desenvolvimento da Pesquisa em Ciências Sociais em África
مجلس تنمية البحوث الإجتماعية في أفريقيا

Declaration of intellectuals and scholars about the destruction of manuscripts of Timbuktu

Symposium AfrikaNko, 29 janvier, 2013 (CODESRIA et Point Sud)

Nous, intellectuels africains et de la diaspora et leurs collègues venant d’Asie, des Amériques et d’Europe réunis à Dakar dans le cadre du Symposium « La bibliothèque coloniale en débat » protestons avec force contre la destruction, le saccage et l’incendie de manuscrits anciens abrités par l’institut Ahmed Baba dans la ville de Tombouctou.

Venant s’ajouter à la perte de nombreuses vies humaines et aux innombrables brutalités qui ont accompagné le conflit au Mali, cet acte consacre la destruction de ressources intellectuelles sans prix, accumulées au cours des âges et conservées à travers les générations. Il est une grave blessure à la mémoire, à l’esprit, et à l’être africain et à celui de l’humanité toute entière.

Cet acte s’inscrit dans la longue histoire de destruction des bibliothèques dont le continent africain n’a pas l’exclusivité. Il est la manifestation d’un désir systématique d’effacement d’une mémoire intellectuelle et culturelle qui avait débuté dans le nord du Mali avec la destruction de mausolées et de sites historiques. Cette destruction est aussi l’effet d’une géopolitique où l’Afrique est au cœur de nouveaux pillages, de nouvelles prédations, et de nouvelles guerres.

Nous condamnons cet acte et pleurons cette perte. Alors que nous discutons de la « bibliothèque coloniale » et de la « bibliothèque africaine », la destruction de ces manuscrits nous rappelle à quel point la préservation et la transmission du savoir est une priorité et un droit, et toute atteinte contre ce droit un crime.

Nous exigeons des gouvernements africains non plus des promesses mais des actions concrètes et urgentes dédiées à la sauvegarde des bibliothèques, des manuscrits et autres

créations de l’esprit avant qu’il ne soit trop tard et qu’il ne leur reste que des lamentations trop souvent hypocrites. La guerre cible d’abord les peuples mais elle est aussi toujours et partout une menace pour les livres, les bibliothèques, et la culture.

Au nom des participants :

Dr Ebrima SALL Secrétaire exécutif CODESRIA

Prof Mamadou DIAWARADirecteur de Point Sud

Source: www.codesria.org

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